Compostelle

gabrielle nanchen compostelleCompostelle, un chemin vers soi-même,

un chemin vers les autres

C’est le titre que Gabrielle Nanchen a donné au témoignage de ce que lui a apporté l’expérience de la marche vers St Jacques.

Première femme du Valais à être élue au Parlement Fédéral en 1971, responsable de diverses associations promouvant l’égalité hommes-femmes ainsi que la solidarité Nord-Sud, son engagement pour le devenir de l’humanité est constant.

A partir de ce qui a été mis en route dans son for interne par le cheminement vers Compostelle, de tout le travail sur soi et de l’approfondissement que cela induit, elle en est arrivée à proposer une forme nouvelle de dialogue interculturel.

Voici quelques extraits d’un article paru dans la revue des Dominicains de Suisse « Sources » janvier-mars 2013 (Evangéliser ? oui mais comment ?) et dont Gabrielle Nanchen a autorisé l’utilisation. Ils marquent le cheminement d’une forme de transformation intérieure.

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L’amour parfait jette dehors la peur (1 Jn, 4 :18)

  • J’avais huit ou neuf ans quand on m’a enseigné au catéchisme le nom des trois vertus théologales. Je n’y ai pas compris grand-chose. Au fil des années, je croyais avoir saisi ce que les théologiens veulent dire par là. Mais c’est finalement le Chemin de Compostelle qui m’a fait comprendre du dedans, c’est-à-dire avec mes pieds, mes tripes et mon coeur, ce que la foi, l’espérance et l’amour signifient dans ma vie…
  • De mai à août 2001, j’ai marché vers le sanctuaire galicien à partir du Puy-en-Velay. Ces trois mois de solitude m’ont fait comprendre d’abord que la vie est chemin, un chemin pour lequel j’avais été appelée personnellement… 
  • Le chemin, il m’est arrivé plus d’une fois de le perdre…
  • Le chemin m’a enseigné l’importance de l’instant présent…
  • Le chemin m’a appris à attendre. En espagnol, le mot attendre se traduit par esperar.Et puis, sur le chemin, il y a les autres… … j’ai appris à accepter d’avoir besoin des autres et à m’enrichir à leur contact…
  • … Plus d’une fois pendant mon voyage, j’avais éprouvé cette sensation de légèreté indicible qu’on appelle la joie. Je suis entrée dans la cathédrale de Santiago à l’heure de la messe des pèlerins. Dans son homélie le célébrant disait: « El camino de la alegria, es el amor. » Le chemin de la joie, me suis-je répété souvent depuis lors, il suffit d’aimer pour le retrouver. D’aimer le prochain comme le lointain…
  • Quand, quelque temps après mon retour, j’ai rencontré le Matamore dans les pages d’un guide espagnol, mon sang n’a fait qu’un tour. Santiago Matamoros. De matar, tuer, et Moros, Maures. Saint Jacques le tueur de Maures ! Saint Jacques, l’Apôtre, on en faisait un  massacreur de musulmans ! En marchant jusqu’au lieu supposé de sa sépulture, j’avais découvert la paix intérieure. J’avais compris aussi que cette réconciliation avec moi-même impliquait nécessairement la réconciliation avec les autres. Et voici que je découvrais que le Chemin de Compostelle avait été aussi un chemin de haine et de guerre !
  • … je me suis dit qu’il était grand temps d’opérer un retournement historique et de transformer les chemins du Matamore en chemins de réconciliation…
  • Des rencontres successives m’ont permis de partager cette idée avec d’autres pèlerins de Compostelle, mais aussi avec des pèlerins de Jérusalem et des pèlerins de la Mecque. Ensemble, nous avons créé l’Association Compostelle-Cordoue qui s’est donné pour but de favoriser le vivre ensemble de personnes d’origines et de cultures différentes, ceci grâce à la marche et au dialogue. 

  Gabrielle Nanchen

 

La peur de l’autre est jetée dehors par la fraternité.

A lire, particulièrement si vous projetez une mise en route personnelle vers Compostelle

Compostelle, de la Reconquista à la réconciliation,  Ed. St-Augustin, St-Maurice, 2008.

Vous trouverez des informations passionnantes sur le site www.compostelle-cordoue.org

Introduction et compilation : Evelyne Gard

 

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